59. Saignement sous arthroscopie d'épaule : chirurgien ou anesthésiste : qui est coupable ?

L’accès à ce contenu est réservé aux membres de la SFA

L'arthroscopie est une voie d'abord qui s'est progressivement imposée en orthopédie. Les avantages de cette technique sont une récupération fonctionnelle accélérée, moins d'infection et une rançon cicatricielle faible. L'un des principaux inconvénients reste le saignement qui vient troubler le champ visuel. L'objectif de cette étude était d'analyser les paramètres attenants à la procédure chirurgicale et anesthésique afin de comprendre les causes possibles du saignement sous arthroscopie d'épaule.

Il s'agit d'une étude monocentrique observationnelle analytique prospective multi-opérateur. L'objectif était d'inclure cinquante patients consécutifs bénéficiant d'une arthroscopie d'épaule. Les patients sont opérés en latéral, sous anesthésie générale avec traction et arthropompe (50mmHg). L'électrocoagulation n'est pas utilisée de première intention. Les données étaient recueillies en peropératoire par un interne.

Cinquante patients ont été inclus du 23/01/18 au 15/04/18 (Homme=62%, Age=55.87 ans, Poids=81.2 kg, IMC=28.09kg/m²). Un patient présentait une thrombopénie (80 000 G/L;TP=0.75;TCA=1.2). Sept patients prenaient des antiagrégants plaquettaires.

L'intervention intéressait majoritairement l'épaule droite (60%) sans relation entre le côté opéré et l'existence d'un saignement peropératoire (OR=4.5;IC95%[0.87-23.35],p=0.09149).

L'analyse des procédures anesthésique s'est révélée inexploitable en l'absence de standardisation des pratiques.

En comparant le sous-groupe saignement (38 patients) à celui sans saignement, on retrouvait une répartition homogène des gestes, la durée opératoire était supérieure (+2.15min,p > 0.05) et la pression de l'arthropompe augmentait de façon plus importante (µ=+27.24mmHg contre µ=+9.17mmHg,p > 0.01). La tension artérielle systolique à l'induction (Delta=19mmHg,p=0.238) et la pression artérielle moyenne (?=4.67mmHg,p=0.447) étaient plus élevées. La fréquence cardiaque était semblable (70bpm).

Dans le sous-groupe saignement il existait entre l'induction et l'évènement saignement une augmentation moyenne de 23mmHg de la TAS (p > 10-4), retrouvée pour la PAM (Delta=13.648, p=0.0016) mais pas pour la fréquence cardiaque (Delta=1.079, p=0.719)

Les caractéristiques patient n'ont pas permis de décrire un patient type sujet au saignement. La répartition des gestes entre les groupes est homogène et les durées opératoires similaires.

Il existe cependant une forte corrélation statistique entre la variation de tension artérielle systolique et l'évènement saignement (p > 10-4).

Le chirurgien ne semble pas être le principal responsable du saignement.

L'atout principal de cette étude est son originalité. Elle est à notre connaissance la seule ayant étudié les facteurs chirurgicaux et anesthésiques responsable du saignement. Sa principale faiblesse est son manque de puissance lié à un faible effectif. Cette étude devra être complétée à plus grande échelle afin d'accroître sa puissance statistique. Cela permettrait de définir des protocoles types afin d'améliorer la prise en charge et le confort du patient et de son chirurgien.